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L'épopée d'un petit con

15 février 2008

Chapitre 10 : Bidasses Academy

Il est 4 h du mat, on est en plein mois d’Août.

Il y’a trois mois j’ai reçu un courrier

Je suis appelé sous les drapeaux… pour les 3 jours, le fameux rituel qui permet à notre belle institution de savoir si vous êtes aptes à aller gambader en foret…

Oui, je suis né en 77, je dois avoir 20 ans ou pas loin. Je fais partie de la dernière année qui intéresse l’armée. Je dois faire mes classes et mon service, je dois servir l’Etat, je dois savoir protéger mon prochain.

Merde !

Pour moi, l’armée c’est le scoutisme labélisé. Une horde de mecs qui puent, courant dans la campagne en jouant à la guerre avec des sacs à dos chargés de pierres… On met des Rangers, on se balance du « Mon lieutenant » à tour de bras tatoué, on joue aux cowboys et on prend des douches tous ensembles… On se raconte des blagues salasses sur le filles, on se gratte les couilles au Mess des officiers, et on tue le temps qui passe sans guère, en jouant au babyfoot.

On essaie de redonner ses instincts à l’homme pour faire de lui un combattant.

Il y’a chez le militaire une fierté dingue a être primitif,… On n’est pas là pour réfléchir, on est la pour obéir… On porte des fusils supers dangereux et si on me demande, je tire sur le premier pigeon qui passe.

C’est du même niveau que de donner des armes aux policiers municipaux.

A l’armée, il y’a tous les mecs qui ne foutaient rien au lycée, ceux qui étaient trop cons pour avoir le bac se retrouvent pour faire la guerre. Ils sont fier d’y être en plus...

Une immense bande de cons réunis sous des drapeaux pour gueuler des chants patriotiques. Ils ont jamais été foutu d’apprendre un poème à l’école mais pour ce qui est de gueuler des conneries à 5h du mat, y’a pas de problème… Garde à vous !

Je n’aime pas trop l’armée.

Même si j’ai beaucoup d’admiration pour les motards de la gendarmerie. J’ai failli en être un, d’ailleurs… Lisez mon prochain bouquin.

Mon père a des copains qui, non contents d’être militaires, sont, en plus « hauts gradés ». Je crois qu’ils n’ont pas de tatouages.

On s’arrange pour que les classes se passent bien, un plan tranquillos, genre chauffeur de général, au chaud dans un siège en cuir. A l’époque le piston existait encore un peu, mon père appelait ça « mettre le pied à l’étrier ». Finalement je suis tombé du cheval et j’ai fait des études artistiques…

Il n’empêche que là, il va falloir se lever, il est 4h et j’ai rendez vous à Blois à 8H…

A Blois ? Oui, vous connaissez Blois ? Une petite ville morte à quelques kilomètres du château de Chambord. La campagne triste avec des plaines et des petites forêts, des champs et des chouettes dans les clochers.. Il y’a des Kangoos plein les rues et des petits pavillons de province décorées à noël.

Les gens que j’y ai vu étaient tous vieux. Tous habillés pareil, chaussés de bottes en caoutchouc…. On met des vêtements pratiques en province, ce qui donne un charme fou à la place du marché de Blois, de Poitier, de Chartes…

L’horreur.

Je choppe le train à Paris et hop, c’est parti mon kiki, on va chez les musclés. Je chantonne « Tiens ! Tiens !  Voila du boudin » dans les couloirs du train.

Je m’installe,

je m’endors.

Je me réveille

Je vais pisser

Je me rendors

Je me réveille

On est arrivé

Ce bouquin est palpitant.

J’avais croisé 2 ou 3 mecs dans le train. Je trouvais qu’ils avaient une tête à partir pour Blois. Je ne me suis pas trompé, mais j’ai sous estimé l’importance de la meute : on est 30 à descendre du train.

Je suis pris d’un doute. Pourquoi on oblige 10000 mecs par ans, à se lever à 4h du mat pour aller à Blois, si on vient tous de Paris ??? On ne peut pas faire ça aux Invalides. Y’a bien une galerie qui ne sert à rien non ?

On vante la rigueur de l’armée, j’ai plutôt l’impression qu’on va voir du fonctionnaire fatigué et de la Rangers remisée.

Un bidasse, au bout du quai, fait l’appel.

Faire l’appel donne tout de suite un côté important au rendez-vous, et un rapport de force très net. Si on fait l’appel c’est pour vérifier que tout le monde est là. Faire l’appel sous entend que l’armée punira l’absent. Sinon ca ne sert à rien de le chopper… Non ?

Bon…

On monte dans un bus vert, ceux de l’armée de terre... Mon premier pas dans un véhicule militaire ne me déclenche aucune émotion…

Cela dit, quand le convoi s’ébranle, je ne sais pas pourquoi mais a ce moment, j’ai eu peur. Le sentiment du juif qui part en train, peut être…j’avais vu un documentaire la veille. Le bus avait un côté bétaillère assez glauque. Personne ne parle dans ces moments là…

Le bus entre dans une grande cours, on passe devant deux sentinelles. D’habitudes, quand je passe en voiture devant une sentinelle, je lui fais un doigt discret. Là non…

Dans cette grande cours, le bus fait demi-tour et s’arrête en plein milieu. Nous sommes entourés par des mecs en sueur, en plein footing. Je viens de comprendre la différence entre un militaire qui court et un mec qui fait son footing : Le militaire court en Rangers, en pantalon, en veste, il met un gilet par balle pour éviter les graviers et un casque au cas où il trouve un vélo sur sa route…

Le militaire est prévoyant… très !

On nous entasse dans une grande salle d’attente et deux gendarmes débarquent. On n’oublie tout le temps que la gendarmerie c’est l’armée, la  police de l’armée…

Musique des dents de la mer

«  L’un de vous a-t-il en sa possession des matières illicites telles que des armes à feu ou des stupéfiant ? »

Stupéfiant…. On est dans une caserne et ils s’imaginent qu’on va se pointer avec des joints plein les poches et des M16 dans la musette.

Personne ne dit rien…Tu m’étonnes.

Les gendarme insistent un petit coup :

« Vous êtes sûr, nous nous en rendrons forcement compte »

Pas de réponse, les flics se barrent.

Un mec, devant moi, se lève et se rapproche doucement de la poubelle. L’air de rien. Il y jeté un petit sachet en plastique plein d’herbe…

Je me frotte les yeux, je me dis que j’ai vraiment sommeil.

Je suis là depuis une demi-heure et je sais que je vais halluciner pendant trois jours…

Trois mecs en treillis débarquent dans la salle. Ils nous regardent comme si nous étions des naufragés. Manifestement nous leur faisons de la peine...Ils ont les pouces coincés dans leur ceinture, ils ont un torse qui ressemble à une calandre de camion…

Ils nous toisent deux secondes et commencent leur discours comme tous les militaires, en disant « Messieurs… »

Les trois mecs se la pètent à mort en expliquant qui ils sont, ce qu’ils ont fait. Je me dis que, s’ils sont à Blois pour le recrutement c’est que ca doit être les pines de la section, les boulets qui boitent avec un caillou dans la chaussure. Enfin, je dis ça mais il a des gros bras et une vraie tête de con qui va envahir l’Irak… Les trois bœufs nous proposent de partir tout de suite en Guyane. Le plan c’est d’aller ramper dans la boue et de manger des sauterelles…  Les GI Joe de la savane viennent faire leur recrutement avant les autres unités. Honneur à l’honneur

Je reste assis, je regarde ailleurs. Je pense à ces gens qui se grattent l’oreille lors d’une vente aux enchères et qui se retrouvent avec un Rembrandt à 5 millions d’euro. Je ne bouge pas… je laisse le temps s’enfuir tout seul…

Après cette invitation franche et virile à venir patauger dans la merde, 5 ou 6 mecs, des appelés, se lèvent. Certains sont déjà en treillis, en Ranger. L’un d’eux a, dans son sac, un couteau qui ressemble à une machette.

Je rêve, il y’a des volontaires pour suivre ces trois YMCA de la guerre froide…

Dans quelques jours je serai à la maison et eux… ils survoleront la Guyane, sur les traces de Papillon. On les larguera en parachute, à coup de pieds aux fesses, au dessus d’un marécage plein de crocodiles…

Les tarés s’en vont, en groupe, les courageux qui s’enrôlent ont droit à une franche poignée de main. Ils nous regardent, à leur tour, comme si nous étions des naufragés… La connerie du bidasse semble être contagieuse, il va falloir ouvrir l’œil pour en sortir indemne…

Le bidasse qui a fait l’appel tout à l’autre revient. Il a galéré pour garer son bus sans écraser personne. Il transpire. Il a des auréoles. C’est encore une particularité du militaire… Ca va avec l’odeur.

Bref il revient et commence à faire des groupes.

Je repense à la réputation « organisée » de l’armée… j’attends le bordel inhérent à ce genre d’activité : Faire des groupes de mecs c’est toujours le bordel.

Là non, tout le monde suit, personne ne dit rien, pas une vanne, pas une basket qui ne vole… rien… La vie serait elle moins drôle que le lycée ?

On part par groupe de dix, je fais partie du dernier groupe, je dois attendre… Une heure après, je pars enfin, avec ce que l’on appel des camarades, en direction d’une salle de projection…

On nous met devant un film. Je m’endors à peine que j’ai déjà un gradé sur les galons… Ca me plait bien cet endroit…

Le film montre de beaux jeunes hommes et de belles jeunes filles, en pleine action, sur un terrain de bataille imaginaire. Ils sautent du char et courent dans un bunker… C’est juin 44 leur truc. On ny’ croit à fond. Mais des détails propagandistes ne me trompent pas…

Le militaires sont beaux… Je regarde autour de moi et tous ceux qui s’apprêtent à le devenir ont des têtes de cul pas possible. Les militaires en place sont bedonnant, palots et rougeaux… C’est une feinte…

Les nanas du film sont aussi très jolies… Elles ont des petit gilets par balle qui leur font des tout petits culs, elles sont super sexy en combinaison de plongée et on a envie de leur sauter dessus quand elles atterrissent en parachute.

Les deux seules que j’ai vu à la caserne sont :
Le grosse moche de l’accueil, elle répond au téléphone et je ne lui donnerai pas mon pitbull à garder, elle serait capable de le mordre.

La deuxième est la cantinière qi est venu compter les recrus pour préparer les repas…. Elle est jeune mais elle a déjà un cul énorme. Trois nanas du film = Le cul de cantinière.

C’est bien de la propagande.

Le film termine, les tests commencent…

Le premier, celui que je déteste :

Pisser dans le bidon,

On vous met en slip, en rang et en silence…

J’avais prévu le coup. Je m’étais équipé d’un slip super moche, a rayure, genre de ceux que l’on achète au supermarché et que l’on retrouve à l’autopsie, sur le cadavre du clodo alcoolique qui est mort sous son pont…

Je penserais que je ferai sensation… Je regarde autour de moi… Tout le monde a un slip moche. Aujourd’hui encore c’est un mystère…

Deux possibilités :

1 Ils ont tous eu la même idée que moi, ce n’est pas possible, d’habitude je suis presque le seul à avoir des idées comme ça.

2 Toute la province est là et en province, on achète ses slips au supermarché… Je ne sais vraiment pas…

On nous fait passer devant un table avec deux mecs qui pointent les noms. Ils me donnent un verre immense, le verre à bière du colonel…

Je pars pisser en retrait…

C’est la panique. J’ai pissé trois fois ce matin, et la dernière c’était il’ y a une heure et demi, dans le train…. Je n’ai pas du tout envie… revenez dans deux heures…

Je me concentre… je me concentre… Rien… Le recruteur qui distribue les verres me demande d’arrêter de pisser en bégueillant. Je me sens bien ici…

Je me concentre encore plus fort…

Ca ‘y est, je pisse. Je remplis le bol sans arriver à m’arrêter, ça m’a déjà fait ça à l’école… Le haut du verre se rapproche… je suis foutu, je regarde déjà sur quoi je peux finir… c’est l’angoisse, je prépare mes doigts pour éviter des les exposer à ce qui va déborder… et hop… ca s’arrête.

Juste au bord du verre… J’ai l’impression de piler à un feu, de sentir la voiture qui dérape et qui s’arrête à

10 cm

du gamin qui traverse.

Je fais un petit « Yesssss » vainqueur, en serrant le poing, la bite à l’air...

Le mec derrière m’a entendu et me gueule un truc  « Bon champion, c’est bien, bravo, il va peut être me ramener son verre maintenant ?! Quand il le sent ! »»

Je le sens bien, t’inquiète.

Je lui pose le godet sur son bureau. Il y’en a à raz bord, une petite vague gicle et atterrie sur son listing.
Je me vois déjà au trou. Tu va s voir qu’ils vont trouver le moyen de me faire redoubler les trois jours !

Le mec me fait signe de dégager vite fait avant qu’il change d’avis. Je me barre doucement, le pantalon sous le bras et la queue entre

les jambes

Epreuve suivante, le test de vue…

On nous montre des petits points associés les uns aux autres, de différentes couleurs. On doit voir des formes. Ca se passe bien, en trois minutes je termine le test. Mes « camarades » bavent en essayant de trouver une forme visible. L’un d’eux a de véritables culs de bouteilles. Certains appellent cela des lunettes, des jumelles…Il veut devenir maitre chien… Pourquoi pas, s’il le voit comme ça…

Je l’imagine en train de mettre un sucre dans les fesses du chien pour le féliciter… Il ne voit rien, il ne voit rien, c’est triste mais c’est comme ça. On n’aime pas les chiens si on voit rien, c’est absurde…

Bref, on continue avec les tests auditifs… Je fais moins le malin, je n’entends pas la moitié de leur sons. Ca m’énerve en plus… Je n’entends pas bien, je suis au courant, ca ne sert à rien d’y passer trois jours… Le mec du test auditif me prend pour un sauvage et me laisse partir vers la suite des aventures….

Je me retrouve chez le psychiatre… Un moment mémorable !

Déjà, il faut savoir qu’à l’armée, on voit le psychiatre, en slip… Pas lui, nous. On nous met dans une des trois petites salles attenantes à son cabinet, on doit se déshabiller…Toute la journée des mecs demandent « on garde le slip ? »

Le psy appelle le mec de la première cabine. Je suis dans la troisième, j’attends. J’entends tout. Ca n’a pas l’air méchant, le psy pose des questions, le mec répond. Ca dure quand même 20 minutes, je suis dans ma cahute, en caleçon, je suis gelé…

Puis vient mon tour. Pour ce rendez-vous je m’appelle « Cabine 2 »

Je rentre dans la pièce. Le psychiatre est derriere son bureau, il regarde ce magnifique slip que j’ai eu la bonne idée de mettre ce matin… Il est asiatique, pas le slip, le psy… mais il a tête d’ours blanc, avec le museau en avant… Je me souviens d’un reportage sur les ours blancs… Ils sont capable de bouffer

50 kg

de blanc

de baleine. Je ne suis pas gros, mais avec le froids, je ressemble à un blanc de baleine sur la banquise… Je flippe.

Je suis son invitation à m’asseoir. Je pose mes fesses sur un siège en Sailli. Ca me dégoute car tous les mecs que j’ai vu passer avant, on posé leur slip sur ce siège…

« Alors cabine 2, parlez moi de votre famille, vous avez vos parents vous avez des frères ou que des sœurs… »

Je me lance, je lui explique que non, je n’ai QUE deux sœur. Le psy me regarde lui débiter ma vie. Rien de spécial, l’échange est cordial. Mais je me méfie, le psy est asiatique, j’ai vu des films sur les torturent qu’ils connaissent…

Puis le psy me parle d’animaux de compagnie.

Je suis ravi d’aborder le sujet. J’aime bien les animaux, en général

« Comment s’appellent vos animaux, Cabine 2 ? ». Je ne vois pas vraiment ce que ca peut lui faire mais bon…

Je lui dis que mes j’ai deux poissons qui s’appellent les « trois rois mages »

Le psychiatre lève la tête de ses papiers…Il me regarde et commence à noter des trucs… Je suis obligé de tout lui expliquer…Je viens de finir une expérience très intéressante avec mes poisson rouges.

Test en deux phases, avec une vraie démarche scientifique…

1 : Est-ce que mettre l‘encre turquoise dans le bocal peut permettre au poisson de se détendre en pensant être un poisson des mes du sud…

  Le poisson a-t-il suffisamment de cerveaux pour devenir épileptique… je mes des spots de boite de nuit devant le bocal. Je banche le tout sur la chaine hifi, ça clignote dans tous les sens.

Il note un truc « Continuez Cabine 2, continuez »

J’aurais du m’arrêter là, mais je n’ai pas pu le laisser comme ça, j’ai gentiment obéi.

Je lui ai expliqué que l’encre turquoise faisait tomber les nageoires. Du coup je m’étais retrouvé avec des poissons qui ressemblent aux chats sans poil, vous voyez… Et moi je lui dis, en haussant les épaules et les sourcils « De toute façon je ne caresse jamais mes poisson rouge... »

Il note pleins de trucs.

« Et la deuxième phase de votre expérience, Cabine 2 ? Quels en ont les résultats ? »

Je lui explique en détail les tests sur l’épilepsie. Un des poissons s’est manifestent suicidé. Je l’ai retrouvé mort sur la moquette…

Destin tragique que celui du poisson, je m’interroge : Est-ce une mort naturelle pour le poison rouge que de mourir sur la moquette ?

Le psychiatre ne sait pas quoi me répondre…

Les deux autres poissons se cognent sur le bocal, je crois qu’ils ont perdu la vue… Déjà qu’ils avaient perdu leur écailles…Conclusion le poisson est stupide certes, mais suffisamment intelligent pour être atteint de déficience intellectuelles flagrantes… à moins que ce soit un simple problème de vue… je ne sais pas si ça s’opère …

Manifestement le Psychiatre ne sait pas non plus…

Je termine ma réponse, souriant, « Oui j’ai des animaux… »

Le petit asiatique devant moi a les yeux grands ouverts. Il ne note plus rien… Blanc de baleine…

Par principe il me demande si j’aime les gens…

« Oui, bah, faut voir… Je ne suis pas très scout de France avec copains de chambrée, garde à vous et frites à la cantine… maintenant s’il faut le faire, je le ferai. Mais si la question c’est de savoir si ça me plait, fondamentalement, la réponse est non, monsieur… Pas plus que ça »

Il recommence à noter des trucs.

Jje n’ai pas l’impression d’avoir dit une connerie, mais il y’a un froid entre nous.

Il vient de cocher un truc sur mes papiers… je suis « P4 ».

Ca veut dire que je suis fou… que je ne peux vivre avec les autres, que je suis dangereux…Je pourrai avoir envie de vous enlever les écailles une par une… Oui… Mais non, je me dois de réagir.

Je sors de ma musette, le dossier de formation au BAFA. Le lendemain je commence un stage de qualification... Je l’avais pris au cas où on me fasse dormir sur place. Je déteste dormir chez les autres.

Je lui sors le dossier du BAFA, un dossier excellent où les instructeurs ont notés ma motivation, mon dynamisme, mon intelligence à créer des activités et mon excellent rapport avec les enfants… Je pensais émouvoir le bidasse à galons...

L’enjeu est important, s’il me laisse P4, je ne peux plus travailler en centres aérés, finies les colos et l’animateur avec sa guitare… Fini le fric qui tombe en fin d’été…

Je mets mes sourcils en mode cocker… en espérant que ca marche. Il me regarde, il regarde mon dossier, il regarde ses notes. Il me regarde encore… Ce mec regarde plein de trucs… il a des tous petits yeux, c’est pour cela qu’il regarde beaucoup et logntemps…

Je pense aux tortures asiatiques et aux blancd de baleine… on y est, je vais y avoir droit… En plus il plisse les yeux…

Je ne peux pas me barrer par la fenêtre, ils sont tous armés…En plus je suis en slip.

Le psy reprend son crayon et griffonne un truc. Il me tend le papier…

« Vous pouvez y aller ! »

Il me montre la porte du regard, je crois qu’il veut que je dégage… C’est une manie chez les militaires de vous faire partir à coup de regards, c’est moins douloureux que les Rangers mais ca fait bizarre quand même…

Une fois dans la cabine je lis le papier… C’est la loose, je viens de me faire recaler aux exams que tous les cons réussissent…

Je continue à lire le papier. Victoire, grâce à mon dossier je viens d’être nommé P3, un bébé P4… c’est le mec associable mais gentil. On ne nous prend pas à l’armée car ils craignent que l’on démotive notre bataillon avec nos états d’âmes…

Je suis invité à partir, et à récupérer ma paie. Et oui, en temps de guère comme en temps

de paix

, l’armée paie ses troupes. Moi je suis au rang « Troufion » j’ai droit à

12F

pour la journée… Mais je suis recalé à la mi-temps… donc je gagne 6Fr et je suis invité à me rendre à la cantine obligatoire….

On nous invite beaucoup dans l’armée.. On donne pas le choix, on invite.

La nana au gros cul nous a compté ce matin, elle a préparé des frites, à l’armée on ne gâche pas…

On ne gâche que les pauvres mecs. Vous vous souvenez de « cul de bouteilles ». Je le retrouve entre un steak et une frite, à la cantine…

Il chiale,

Je lui demande s’il s’est foutu de la sauce sur son pantalon… vu qu’il ne voit rien, je pense à ça…

En fait, il a été recalé à cause de sa vue de taupe, ce n’est pas un sccop mais il chiale. Adieu le su-sucre dans les fé-fesses au chien-chien…

Ce mec me fait de la peine.

Et moi ?

Je me demande si je devrais chialer ou pas ? Non, finalement ce n’est pas grave, je me passerai de cette virile formation qui aurait fait de moi un homme… Je vais passer, une nouvelle fois pour le mec qui a encore loupé un truc… Je suis prêt, je m’en fout.

On nous raccompagne en voiture, comme des détenus qu’on libère le plus loin possible… On nous dépose sur le quai, sur un banc. On ne bouge plus…

On attend 4 heures. Je fais la sieste. Grâce à cele, tel l’aventurier fier des ses épopées,  je dis aujourd’hui « J’ai dormi sur le quai de la gare de Blois, oui, sur le banc du bout du quai ». Ca fait mec qui voyage…

En parlant de voyage, je reprends le train avec « cul de bouteille » ses Kleenex et sanglots…Ses lunettes vont finir a ressembler a des lunettes de natation, pleine de flotte. Je me marre totu seul en le regardant. Il ne voit pas bien… ce qui me fait rire, mais je ne peux pas lui expliquer, ce n’est pas possible…

On rentre à Paris. Sur

le chemin

, en regardant par la fenêtre, une question me tracasse…Je téléphone à un copain qui avait fait la même expérience deux semaines avant… J’ai besoin d’une info !

« Oui, salut, c’est Ed… Dis, tu as fais tes 3 jours toi ? Tu avais mis un slip ?»

« Oui, tu m’étonnes, un vrai slip de campagnard. Je me suis donné un mal fou, j’ai réussi à être P4 J’avais un dossier de mon psy et ils m’ont pris pour un fou. J’ai fais comme si j’entendais rien aux tests auditifs…Je suis sûr qu’ils se souviennent de moi… oh la la, le slip de débile, quand j’y pense… Après je leur ai dit franchement que je n’aimais pas les gens et que je faisais des expériences sur les grenouilles, quand j’étais petit… Tu sais qu’ils m’ont même escortés jusqu’au train… Ils ne le font que pour les tarés, les vrais… Et toi, ca a été ?»

Je raccroche

Les animaux torturés, le test auditif, le psychiatre…

Mais moi…Je n’ai rien fait…Je vis, je respire, je souris… normal quoi !

Ils ne me croiront jamais…

C’est ça qui m’a flinguée…

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12 février 2008

Chapitre 2 : Conneries en famille

J’ai grandi entre deux sœurs, une grande, une petite.

La grande c’était la chef d’Etat Major des enfants, la petite c’était le mousse du navire. J’étais le pti con du milieu. Sympa, mais chiant.

Mon grand père disait de moi «  Edouard, il est gentil, bien élevé, tout ce qu’il faut… Mais il écoute rien »

En grandissant j’ai développé un gout réel pour les belles entorses à l’ordre familial.

J’ai pissé dans le shampoing de ma grande sœur, j’ai joué aux petites voitures avec les maquettes de mon père… j’ai fait un trou dans le violon de ma mère, sans faire exprès, mais quand même…

Les anniversaires s’enchainaient, les parents s’accrochaient, les sœurs décrochaient…

Avec quelques années de recul, je trouve quand même que je me suis bien marré. J’ai, comme beaucoup d’ex-petit garçon, des souvenirs impérissables de certaines aventures :

Mon père stockait du bois pour le barbecue. Des dizaines de petites buches. On les a balancé à l’aveuglette au milieu du carrefour en pleine après midi. Un samedi.

Vous imaginez la tête du mec en mobylette qui se prend une bûche ?

Je me souviens très bien de la tête de la voisine quand elle a prévenu ma mère qu’il y’avait plein de bûches dans ses salades. Dans l’euphorie du moment nous avions oublié ce détail. Les salades avaient souffert. Sur le moment, les parents n’ont pas du tout trouvé ca drôle. Aujourd’hui, ils se marrent.

Et l’autre voisine, un peu plus haut dans la rue. Elle est venue sonner une après-midi. Elle avait des œufs explosés sur son balcon. Œufs que j’avais balancés depuis le jardin avec une précision honorable, et jamais reconnue. Ma mère s’excuse au lieu de vanter la précision du tir, à 30 mètres, placer tous les œufs sur 3m de balcon, ca s’arrose. Oui mais au jet d’eau avec une brosse à la main…

Me voila obligé d’aller nettoyer. Je me retrouve sur le trottoir avec un balai et un seau d’eau. Humiliant. Je viens de me faire agité les puces par les parents. Aujourd’hui je me demande s’ils se sont marrés en me voyant partir avec mon seau… Les gens dans les voitures arrêtées au feu, me regardent. Je me tape la fiche comme jamais.  Je sonne chez la victime, « l’heureux élue » dee ma bêtise…. La porte s’entrouvre,son regard apparaît et s’assombrit aussitôt. Je suis obligé de m’excuser. Elle me fusille du regard, elle marmonne des « Mouais » en mer regardant de la tête au pied. Jamais dans les yeux. Elle me pardonne sans me le dire et je sais que tout le quartier va le savoir, je vais me taper la honte à chaque fois que je vais croiser ma victime sur le chemin de la boulangerie.

La bonne femme me renvoi chez moi, elle a déjà nettoyé. De toute façon elle ne veut surtout pas que je mette les pieds chez elle. Une graine de voyou comme ca, on ne sait pas ce que ca peut avoir l’idée de faire… Ma bonne dame. Et pourquoi ne pas lui donner les clès pour qu’il arrose les plantes, en plus ???

Plus anonyme sans être moins drôle, je vous présente les cailloux !

Tirés depuis le jardin à grands coups de raquettes de tennis. N’importe où, en l’air, a l’aveuglette et le plus loin possible… On a tous fait ça, j’en suis sure… Parfois ils explosent une tuile, parfois ils disparaissent en silence.. Le mercredi après midi, dans les quartiers résidentiels, vous pouvez observer de véritables pluies de météorites. Des pierres s’abattent sur les maisons, dans les jardins. Les voitures freinent brutalement et les cyclistes slalomment… Les animaux n’osent plus sortir.

Et bah ça, c’est moi ! Et toute une jeune bande d’écervelés quine pensent à rien. Un jeune garcon c’est comme le jeune chat que vous recuperez coincé au sommet de rideaux. Tant qu’il ne se fia tpas mal il sur enchérit. Le matou est coincé dans les rideaux, votre fils est aux urgences, au commissariat.

Je n’ai jamais fait le commissariat. Ce n’était pas possible. Je me serai pris une baffe sur ce coup là, c’est sure.

Bref pour l’instant nous sommes un mercredi ou un samedi après midi, je joue dans le jardin. Je shoot tout ce qui bouge, à grnad coupde raquette. La colombe a failli y passer. Le chat se planque. J’ai eu quelques tuiles et un bruit de verre brisé. Un mec, quelque part dans le quartier, doit se demander d’où vient le caillou qui lui a défoncé sa veranda. Je n’en sais pas plus. J’ai continué à pilonner. Et comme tous les petits cons, avec l’assurance je prenais des graviers de plus en plus gros, puis des pierres… J’ai même le souvenir d’avoir mis des petites voitures et des playmobile en orbite. On n’a jamais revu personne.

La fois ou la pierre, que dis-je, le rocher, que j’avais frappé d’un coup droit violent, s’est fini dans la voiture qui passait dans la rue j’ai vite couru derrière la maison. L’air de rien… courir l’air de rien c’est toute une technique. J’ai observé discrètement, complètement flippé que quelqu’un m’ait vu, mais trop curieux pour aller m’enterrer au fond du jardin sans savoir...

Le conducteur a pilé, juste après un bruit sourd de cailloux dans la tôle. Il est sorti. Les autres voitures, coincées dans la rue klaxonnent, le conducteur touché explique ce qu’il s’est passé. Ils regardent vers la maison, puis celle ces voisins, puis la notre à nouveau. Le mec semble venir vers chez nous mais par chance, les voitures s’entassent dans l’avenue, le trafic se bouche. Cet état de fait salvateur, oblige le conducteur surpris, à reprendre sa route. Il a juste gueulé sur un autre une insulte inaudible avant de remonter dans sa cible ambulante.

Je relance la donne avec une belle pierre, un sattelite tiré en cloche pardessus la maison. Encore un coup à l’aveuglette. Si tu es passant tu es mort.

Bingo, vu le bruit, mon projectile a rebondi sur le toit d’une voiture. J’entends des coups de klaxon. Les voitures redémarrent. La nouvelle victime est découragée

Malgrès mon inconscience et la fréquence de mes aneries, je ne me faisais que rarement démaqué. Les cailloux par exemple sont restés inpunits. J’ai satélisé tous les fossiles du jardin pendant des années, personne n’a jamais su, personne n’a jamais porté plainte. Vu les bruits il y’avait pourtant des dégâts.

Personne n’aurait su apprécier la précision qu’il faut pour dégommer une voiture qui passe à 50km/h devant vous. Dans le jardin on en voit pas bien la route, il faut avoir des reflex fous pour :

1 : Voir la voiture

2  Armer le bras

3  Viser

4  Shooter

5  Courir l’air de rien

6  Observer et écouter

7  Ne pas faire pipi sur soi

Bref je m’amusais bien, je progressais sans cesse.

Malgré quelques frayeurs. Comme la fois où je simulais des accidents de voitures dans le bac à sable du jardin.

J’avais tordu toutes les petites voitures à la pince, pour faire plus réalistes. J’aime le réalisme. Je faisais des carambolages monstres sur des autoroutes de sable, éphémères.

Ca manquait de flamme. J’ai pris un briquet et le premier bidon qui trainait. J’ai imbibé deux voitures, ca cramait bien. J’en ai fait cramer une dizaine. Mais pour l’éxplosion finale, avant que les pompiers fictifs n’arrivent sur les lieux de l’accident, celle quii fait plein de mort et c’est horrible…. Et bien cette explosion finale, j’ai eu la mauvaise idée de la faire en versant directement le contenu du bidon mystère sur les flammes. Ca a fait un joli bouquet final. Un bruit sourd d’air qui d’embrase. Il fait chaud pendant une seconde.

C’était de l’Acétone. Un liquide décapant qui est plus inflammable et plus détonnant que l’essence. Avec un litre qui explose vous mettez le pavillon des voisins par terre. Le top du top.

Et le litre prend feu, je flippe…je le jette dans les radis. Le bidon flambe, le liquide en feu de déverse maintenant sur les carotte, parfois une bulle détonne. Le bidon peut exploser à n’importe quel moment.

Ma sœur alerte ma mère qui, au lieu de me coller une baffe monumentale, a le reflex maternel d’étouffer la combustion du bidon. Elle met de la terre. Juste avant que le bidon n’ait le temps de réduite al maison du voisin, et nous, en tat de cendres. Bravo.

Je venais de faire connaissance avec la pyrotechnie… Et je m’en suis finalement pris une bonne dans le coin de la tronche.

Des plans à la Ed, des comme ça, il y’en avait toutes les semaines. J’ai à moitié foutu le feu à la table du jardin en fabricant un fumigène. De l’herbe sèche imbibé de je ne sais quel liquide dangereux. Ca a super bien cramé. Pas le temps de fumer mais… oui, ca a bien cramé.

Les parents fatiguaient. Je leur prenais un temps fou. Mes sœurs auraient pu être jalouses.

Je les épuisais elles aussi. Ma petite sœur restait fan de moi mais je sentais parfois la lassitude gronder…

Même les punitions avaient une efficacité toute relative. Je partais créer une autre catastrophe dans ma chambre.

Si, en guise de punition, je devais ranger ma chambre, et bien soit ! Je prenais des sacs en plastiques. Je les bourrais de tout ce qui encombrait ma chambre. Des chaussettes sales aux playmobile en passant par les crayons de couleur. Je refermai les sacs et je les planquais discrètement dans les placards ou sous le lit de mes sœurs. Elles me ramenaient les sacs petit à petit. Plus facile pour le rangement.
Plus progressif. Me mère voyait une chambre à peu près rangé, dans un temps record. Je n’étais plus puni. Je pouvais retourner faire des catastrophes dehors.

Quand nous étions entre copains c’était toujours plus immoral. Les bêtises avaient plus d’ampleur. Elles prenaient également un sens philosophique… à notre échelle. Ainsi nous allions squatter le jardin de la sécurité social, parce que c’était payé avec les impôts. Ca devait être public. On avait également décidé qu’il était autorisé d’y faire des bruns au scooter dans les pelouses. 01H00 du mat, la nuit du samedi, vous êtes sur de faire sensation. Les voisins sortaient toujours avec des lampes de poches. Nous détalions laissant nos belles philosophies libertaires et notre CocaCola.

On avait essayé la balle de tennis pleine d’essence à briquet. On l’enflamme et on regarde, une fois sur deux ca explose. Ca c’était comme à la maison. On a brulé tout ce qui se brule… c’était nul trop compliqué. L’aspect « inspecteur gadget » de ces expéditions était marrant au début. Mais quand vous avait tué un moineau, une taupe et que vous avez failli défigurer un copain… le calme revient

Nous avons alors investi notre temps libre à des occupations bien plus culturelles. Et toujours dissimulées.

La collection d’insignes de voiture. Tous les mecs ont fait ça ! Avouez !!!

On partait, armé d’un tournevis, sur un parking. En dix minutes nous avions enlevé à la plupart des voitures leur identité. Je collectionnais les insignes de toutes les marques. J’avais été le premier a posséder le Mercedes en entier, puis les fameux anneaux d’Audi. J’étais une star intercommunale dans le domaine.

. En général on faisait ca le soir, pendant la pause des répétitions d’orchestre. Nous avions une demi heure de pause en deux heures de répétition. L’école de musique se situait au dessus du parking de la gare. Idéal pour la collection.

Elles étaient garées là, par centaine, un vrai band de moules providentiel. En matière d’automobile, ce fut une période très instructive. J’ai découvert que les Fiat sont moins solides que les Peugeot. Enlever l’insigne d’une Fiat faisait un bruit de tôles curieux. L’insigne volait en éclat une fois sur deux. Gros pourcentage de perte. On a même fait tomber le pare choc avant d’une Panda, en prenant appui avec le pied. On a couru, on a ri…Si une bande de cons s’en prenait à ma voiture aujourd’hui je serai fou furieux.

Comme nous avions également des convictions anticléricales, nous avons poussé 4l du curé au milieu de la route. On était 5 ou 6. On l’a mis en travers, pour boucher l’entrée du parking de l’église, en contrebas. L’idée de départ était simple, nous voulions vérifier si les voies du seigneur sont impénétrables.  On a beaucoup ri en imaginant la tête du curée qui se demande pourquoi il n’ya personnes à la messe.  Le pauvre a du galérer pour remettre sa voiture, nous l’avions vraiment mis à la perpendiculaire, entre deux files de voitures en stationnement.

A la même époque nous investissions le pont qui surplombe l’autoroute A12. Les fins de mois d’été débordaient de bouchons, à heures fixes. Un vrai plaisir de cracher sur ses voitures, bloquées en contrebas. Vous êtes impossible à atteindre et vous les atteignez tous. Les pares brises, les toits ouvrants. Le grand luxe était le cabriolet mais c’est plus rare. Et c’est vraiment crade ! Avec chacun un litre d’eau dans la gourde, nous avions de quoi glavioter pendant une heure, sans relâche. Pour étayer le tout nous mangions des caramel mous, ceux qui vous font le glavio collant. Il s’étale mieux à l’essuie glace. C’est immonde, c’est marron.

C’est là que j’ai découvert la vulgarité de l’homme quand il est au volant. On s’est beaucoup fait insulter, on faisait des doigts d’honneur. De toute façon on était intouchables et ils étaient bloqués. Nous avions leur sort entre les mains. Aujourd’hui, avec les téléphones portables je m’y risquerais moins. Il y’a forcement un con qui appel les flics pour dire « M’sieurs, y’en a et bien ils crachent ! »

Là, le téléphone n’existait pas encore. En nous, on crachait comme de vrais pti lamas.

Avec les copains, les copains des copains et ceux des copains des copains des copains, nous avions un territoire de jeu qui s’étendait sur plusieurs villes. Toutes desservies par le bus ou le train.

Plus tard, nous avons franchi les murs des lycées où les copains avaient passé le bac, pour essayer de trouver les résultats, la veille du jour officiel. On a fait ca avec lampe de poche et cagoules. A Viroflay, on a cru qu’il y’avait des chiens, on a bien couru.

A Clamart, on a passé le portail. Impossible d’ouvrir la moindre porte, on est reparti. Je crois qu‘on était complètement inconscient. Il ne nous ai jamais rien arrivé de grave.

On avait grandi en piquant des bonbons à la boulangerie, on ne se rendait pas compte.

Ca nous paraissait logique de piquer des insignes de voitures, des panneaux de chantier, et tout ce qui peut faire un trophée. D’ailleurs des années plus tard, j’ai piqué le panneau d’avertissement de mon ascenseur, à Paris. Je l’ai collé sur la porte des chiottes. « Attention, appareil électrique sous tension, ne pas ouvrir… » Le panneau qui tue.

Mais je n’ai jamais braqué de voiture. Certains copains ramenaient régulièrement un trophée, le drapeau d’une équipe de foot, une cassette des « Compagnons de la chanson »… des trucs nazes. Ils prenaient des risques fous. Mes bêtises étaient plutôt drôles, rarement gravement illégales. L’idée de la garde à vue qui se termine dans la voiture des parents à trois heures du mat’, non, ca va merci, mais je passe.

Je faisais en sorte que rien ne se sache. Je ne disais rien, sortais peu.

Je faisais d’autant plus attention que je ne tenais à mes petits fiefs de liberté, mes secrets.  Il fallait donc préserver ce qui permet cette liberté toute relative… L’argent de poche

La pression financière commence à jouer. C’est un des éléments qui vous donne la juste valeur des choses, qui vous ramène un peu sur terre. Et qui fait que les parents ont le dernier mot, le pouvoir suprême de permettre ou non, l’escapade du samedi soir… Vous dépendez des parents pour le moindre achat. Même pour celui qui n’est pas autorisé. Les clopes.

Des générations d’adolescents, morts au champ d’honneur pour défendre le droit à l’argent de poche. C’est le 1° Mai de l’enfance. Pas de quoi s’enflammer pour les salaires minimums, c’est toujours une somme fixée par les parents Mais c’est déjà ça. Avec les noëls et les anniv ont vit bien. Surtout si on ajoute les centres aérés l’été, les postes de gardiens de nuits et les baby sitting. C’est le grand luxe.

Quoique, en tant que puni j’ai souvent pâtit d’une baisse sensible d’argent de poche. Il fallait baby Sitter d’avantages, sans relâche il fallait se coltiner les marmots des autres. Et si la levée de punition n’arrivait pas, il fallait la provoquer…, il fallait alors demander à nouveau un rétablissement  de la situation. C’est horrible, quémander c’est la loose.

Je me servais donc allègrement dans les finances de ma grande sœur. Ca faisait des scandales à la hauteur des préjudices. Rien d’étonnant. Je lui ai piqué plein de blé pendant des années et elle ne m’en veut pas. En fait parfois je suis épaté : Je me dis que si j’étais ma sœur, je crois que je ne me parlerais plus… Plus du tout.

12 février 2008

Chapitre 1 : Tu te prends pour un écrivain ?

Je viens d’avoir trente ans.

Mes amis se sont réunis pour faire une fête surprise assez géniale. Certains que je n’avaient pas vu depuis des années avaient même fait le déplacement. On s’est terminé au jet 27, avec la guitare, dans la cuisine parentale… Comme quand on avait 17 ans.

Ils se sont cotisés pour réaliser mon rêve : Un caméscope numérique. Un truc génial avec disque dur intégré et enregistrement haute définition. Idéale pour filmer ma nouvelle vie

J’ai crée une petite boite sympa. J’ai une amoureuse sympa. Je suis sympa, mais pas plus que les autres… Je donne des prénoms aux objets. Je m’ennui au ciné. Je suis comme le lait, doux mais je caille vite. J’ai des sautes d’humeur que mon amoureuse qualifient de « durs à vivre » Petit on me traitait de feignant sans que cela ne m’atteigne jamais. Les feignants sont des gens qui ont suffisamment d’imagination pour faire des trucs sans bouger et sans que cela se voit.

Je viens de réaliser que jusqu’à présent je me suis bien marré. Et je m’en suis toujours bien sorti. Cette prise de conscience, ce doit être la trentaine, le caméscope. Le premier bilan de sa courte vie. Tout ce qui n’a pas pu être filmé faute d’équipement.

On se rappel qu’il y’a dix ans, on prenait les trentenaires pour des vieux. Et tout le monde vous parle de ce fameux cap. Vos parents avaient trois enfants, vous n’êtes toujours pas marié. Vous vous posez plein de questions et finalement vous arrivez toujours à l’une des deux conclusions suivantes (uniquement valable pour les hommes en couple hétéro ):

1 - C’est la loose vous êtes avec une conne, elle est enceinte et votre boulot est nul

2 - Elle est belle, intelligente. Elle vous aime donc votre boulot est cool.

Moi je suis en pleine phase 2. Plein de trucs à filmer.

Mon boulot m’amuse, je peints et je vends des copies de mes toiles. Ca ne me rapporte rien mais ca me prend un temps incroyable.  J’ai des actionnaires, une boutique en ligne et des tonnes de toiles sympas entassées dans le salon. C’est plutôt cool. Il y’a mon amoureuse. Elle est persuadée que je suis un génie. Elle n’est pas objective mais l’idée m’amuse. Elle croit à fond à mes projets et ne dit rien quand je sculpte un masque africain dans du polystyrène. Yen a partout mais elle s’en fout. Elle ne fait pas semblant, mais elle s’en fout… en rentrant le soir, son visage s’éclaire : « Oh, qu’est ce que tu as fait aujourd’hui ». Elle meure d’envie de découvrir ma dernière création. Elle est adorable.

Comme tous les couples en  phase 2 on est plutôt complices.. Elle relit même mes manuscrits. Ensemble on a plein de fous-rires. On se marre pour n’importe quel sujet. J’adore !

On est en train de se dire que l’on ferait bien un bébé. J’en meurs d’envie… Ce doit être l’âge.

Bref j’ai l’impression que c’est plutôt la belle vie, je m’amuse bien... Je suis ce genre de mec qui a du mal à admettre les bons côtés des choses mais qui en a pleinement conscience dès qu’il réfléchit un peu. Curieux mais je le vis bien. Un des paradoxes dont je suis fait. Je suis balance ascendant Balance et plutôt ambidextre. Je change d’avis en deux minutes sans complexe. C’est le bordel mais j’assume et j’ai appris à vivre avec. Comme tout le monde.

La trentaine passe plutôt bien

Mais ce caméscope me travaille. Je me rapproche forcement des moments où je vais filmer mes enfants. Pour l’instant je filme les copains, mon beau frère et mon neveu… Ca c’est l’avenir, tout ce que je n’aurai pas besoin de mémoriser.

Mais comment sauvegarder mes souvenirs. Avec quoi fais-je faire un backup général de toutes les données importantes.

Le seul moyen de préserver mes bons moments c’est de les écrire.

Cela m’évitera de raconter ma vie, il suffira de la lire. Et puis je trouve ça assez chevaleresque. Ecrire ses mémoires, cela laisse entendre que l’on a vécu des trucs incroyables.

Je crois que j’ai vécus des trucs pas mal… je garde de bons souvenirs des mes souvenirs. J’oublie la plupart des événements quelconques sans regrets, facilement. Du jour au lendemain j’enterre un mauvais souvenir à jamais. Parfois ils ressortent mais en général, j’ai oublié. La seule chose que je n’oublie pas, c’est la tête de celui qui est le responsable de mon mauvais moment. Je suis rancunier. Je pars bêtement du principe qui si quelqu’un a été méchant, il est méchant. Donc on passe son chemin.

Bref, je suis ravi à l’idée d’écrire, de raconter ces souvenirs que j’ai jugé utiles de garder dans ma mémoire…En écrivant ces moments que j’ai aimés, ou qui m’ont marqués je vais pouvoir les revivre. Repasser de bons moments. Je sens que je vais pouvoir me défouler sur les profs que je n’aimais pas. Ces profs qui sont peut être morts et moins cons. Je vais pouvoir avouer mon admiration aux autres. Je vais revoir ces vieux copains, complices dans els pires moments et qui ce sont évanouis depuis longtemps dans la nature. Et tous les gens qui gravitent dans la vie d’un mec normal. Je vais aussi avouer des trucs pas possible à mes parents qui pensaient en avoir vu assez. Je leur ai laissé quelques années de pause depuis mes dernieres bêtises, ils ont repris des forces, je sus sur qu’ils passeront l’hiver. Et oui, je vais revoir les bonnes blagues et les gros coups d’angoisse. LA vie trépidante d’un p’ti con. Quel programme !!!

Evidemment mes souvenirs n’ont aucune importance, tant au niveau mondial, régional que  cantonal. Mais ce serait dommage d’avoir tant rit et de ne pas pouvoir le raconter.

Je me laverai de mes pêchés en les avouant. Désolé chers parents, vous ne saviez pas tout.

Si un jour ma descendance me dit que je suis un vieux con ? En lisant ce que je vais vous dire elle changera forcement d’avis. Un apprentissage un rien différent de l’éducation sage à la « lecture et lentilles qui germent dans le cotons ».

J’aime bien le jardinage mais je n’aime pas trop la lecture. J’aime l’idée d’aimer lire. Je trouve ca beau Rares sont les bouquins qui me plaisent. Mais je peux en lire un en une nuit si on s’entend bien.

J’avais commencé à écrire mes mémoires au lycée. Vu ce que j’avais fait jusqu’alors le projet n’était pas irréaliste. J’avais les cheveux longs, une écharpe et je croyais qu’une belle phrase se doit d’être compliquée, longue et chargée de détails. J’étais nul…

Depuis des années je mets des idées de côtés. Je note des phrases.

On est le 2 janvier 2008, ce soir c’est décidé, je reprends mon œuvre.

Je remets une écharpe.

Je crois toujours qu’une belle phrase se doit d’être compliquée, longue et chargée de détails ? Je ne sais toujours pas écrire. Concentrez-vous…

Je m’installe dans le salon et je taperai mon récit sur le portable, face à la baie vitrée.. Pas dans l’atelier où je travaille tous les jours...

Les copains m’ont conseillé de lire les blogs de mec qui font comme moi. Je n’en ai regardé aucun, je me fous de la vie des autres.

J’ai l’impression de ressembler aux écrivains que l’on voit dans les vieux films. Il manque la pipe et le thé. Je n’aime pas le thé…Je n’aime pas trop l’image de l’écrivain sous Coke, celui qui se masturbe trois fois par jour et qui débite ses descentes de rails sur le papier.

Je préfère l’image "Pantoufle.et tasse, cendrier, téléphones, mon stylo plume Dupont que j’adore", même pas de dictionnaire. Je connais les mots de mes souvenirs….

Je deviens écrivain jusqu’à ce que ce bouquin soit fini. Je ferai probablement plein de fautes d’orthographe. Vous êtes prévenu.

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L'épopée d'un petit con
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