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L'épopée d'un petit con
15 février 2008

Chapitre 10 : Bidasses Academy

Il est 4 h du mat, on est en plein mois d’Août.

Il y’a trois mois j’ai reçu un courrier

Je suis appelé sous les drapeaux… pour les 3 jours, le fameux rituel qui permet à notre belle institution de savoir si vous êtes aptes à aller gambader en foret…

Oui, je suis né en 77, je dois avoir 20 ans ou pas loin. Je fais partie de la dernière année qui intéresse l’armée. Je dois faire mes classes et mon service, je dois servir l’Etat, je dois savoir protéger mon prochain.

Merde !

Pour moi, l’armée c’est le scoutisme labélisé. Une horde de mecs qui puent, courant dans la campagne en jouant à la guerre avec des sacs à dos chargés de pierres… On met des Rangers, on se balance du « Mon lieutenant » à tour de bras tatoué, on joue aux cowboys et on prend des douches tous ensembles… On se raconte des blagues salasses sur le filles, on se gratte les couilles au Mess des officiers, et on tue le temps qui passe sans guère, en jouant au babyfoot.

On essaie de redonner ses instincts à l’homme pour faire de lui un combattant.

Il y’a chez le militaire une fierté dingue a être primitif,… On n’est pas là pour réfléchir, on est la pour obéir… On porte des fusils supers dangereux et si on me demande, je tire sur le premier pigeon qui passe.

C’est du même niveau que de donner des armes aux policiers municipaux.

A l’armée, il y’a tous les mecs qui ne foutaient rien au lycée, ceux qui étaient trop cons pour avoir le bac se retrouvent pour faire la guerre. Ils sont fier d’y être en plus...

Une immense bande de cons réunis sous des drapeaux pour gueuler des chants patriotiques. Ils ont jamais été foutu d’apprendre un poème à l’école mais pour ce qui est de gueuler des conneries à 5h du mat, y’a pas de problème… Garde à vous !

Je n’aime pas trop l’armée.

Même si j’ai beaucoup d’admiration pour les motards de la gendarmerie. J’ai failli en être un, d’ailleurs… Lisez mon prochain bouquin.

Mon père a des copains qui, non contents d’être militaires, sont, en plus « hauts gradés ». Je crois qu’ils n’ont pas de tatouages.

On s’arrange pour que les classes se passent bien, un plan tranquillos, genre chauffeur de général, au chaud dans un siège en cuir. A l’époque le piston existait encore un peu, mon père appelait ça « mettre le pied à l’étrier ». Finalement je suis tombé du cheval et j’ai fait des études artistiques…

Il n’empêche que là, il va falloir se lever, il est 4h et j’ai rendez vous à Blois à 8H…

A Blois ? Oui, vous connaissez Blois ? Une petite ville morte à quelques kilomètres du château de Chambord. La campagne triste avec des plaines et des petites forêts, des champs et des chouettes dans les clochers.. Il y’a des Kangoos plein les rues et des petits pavillons de province décorées à noël.

Les gens que j’y ai vu étaient tous vieux. Tous habillés pareil, chaussés de bottes en caoutchouc…. On met des vêtements pratiques en province, ce qui donne un charme fou à la place du marché de Blois, de Poitier, de Chartes…

L’horreur.

Je choppe le train à Paris et hop, c’est parti mon kiki, on va chez les musclés. Je chantonne « Tiens ! Tiens !  Voila du boudin » dans les couloirs du train.

Je m’installe,

je m’endors.

Je me réveille

Je vais pisser

Je me rendors

Je me réveille

On est arrivé

Ce bouquin est palpitant.

J’avais croisé 2 ou 3 mecs dans le train. Je trouvais qu’ils avaient une tête à partir pour Blois. Je ne me suis pas trompé, mais j’ai sous estimé l’importance de la meute : on est 30 à descendre du train.

Je suis pris d’un doute. Pourquoi on oblige 10000 mecs par ans, à se lever à 4h du mat pour aller à Blois, si on vient tous de Paris ??? On ne peut pas faire ça aux Invalides. Y’a bien une galerie qui ne sert à rien non ?

On vante la rigueur de l’armée, j’ai plutôt l’impression qu’on va voir du fonctionnaire fatigué et de la Rangers remisée.

Un bidasse, au bout du quai, fait l’appel.

Faire l’appel donne tout de suite un côté important au rendez-vous, et un rapport de force très net. Si on fait l’appel c’est pour vérifier que tout le monde est là. Faire l’appel sous entend que l’armée punira l’absent. Sinon ca ne sert à rien de le chopper… Non ?

Bon…

On monte dans un bus vert, ceux de l’armée de terre... Mon premier pas dans un véhicule militaire ne me déclenche aucune émotion…

Cela dit, quand le convoi s’ébranle, je ne sais pas pourquoi mais a ce moment, j’ai eu peur. Le sentiment du juif qui part en train, peut être…j’avais vu un documentaire la veille. Le bus avait un côté bétaillère assez glauque. Personne ne parle dans ces moments là…

Le bus entre dans une grande cours, on passe devant deux sentinelles. D’habitudes, quand je passe en voiture devant une sentinelle, je lui fais un doigt discret. Là non…

Dans cette grande cours, le bus fait demi-tour et s’arrête en plein milieu. Nous sommes entourés par des mecs en sueur, en plein footing. Je viens de comprendre la différence entre un militaire qui court et un mec qui fait son footing : Le militaire court en Rangers, en pantalon, en veste, il met un gilet par balle pour éviter les graviers et un casque au cas où il trouve un vélo sur sa route…

Le militaire est prévoyant… très !

On nous entasse dans une grande salle d’attente et deux gendarmes débarquent. On n’oublie tout le temps que la gendarmerie c’est l’armée, la  police de l’armée…

Musique des dents de la mer

«  L’un de vous a-t-il en sa possession des matières illicites telles que des armes à feu ou des stupéfiant ? »

Stupéfiant…. On est dans une caserne et ils s’imaginent qu’on va se pointer avec des joints plein les poches et des M16 dans la musette.

Personne ne dit rien…Tu m’étonnes.

Les gendarme insistent un petit coup :

« Vous êtes sûr, nous nous en rendrons forcement compte »

Pas de réponse, les flics se barrent.

Un mec, devant moi, se lève et se rapproche doucement de la poubelle. L’air de rien. Il y jeté un petit sachet en plastique plein d’herbe…

Je me frotte les yeux, je me dis que j’ai vraiment sommeil.

Je suis là depuis une demi-heure et je sais que je vais halluciner pendant trois jours…

Trois mecs en treillis débarquent dans la salle. Ils nous regardent comme si nous étions des naufragés. Manifestement nous leur faisons de la peine...Ils ont les pouces coincés dans leur ceinture, ils ont un torse qui ressemble à une calandre de camion…

Ils nous toisent deux secondes et commencent leur discours comme tous les militaires, en disant « Messieurs… »

Les trois mecs se la pètent à mort en expliquant qui ils sont, ce qu’ils ont fait. Je me dis que, s’ils sont à Blois pour le recrutement c’est que ca doit être les pines de la section, les boulets qui boitent avec un caillou dans la chaussure. Enfin, je dis ça mais il a des gros bras et une vraie tête de con qui va envahir l’Irak… Les trois bœufs nous proposent de partir tout de suite en Guyane. Le plan c’est d’aller ramper dans la boue et de manger des sauterelles…  Les GI Joe de la savane viennent faire leur recrutement avant les autres unités. Honneur à l’honneur

Je reste assis, je regarde ailleurs. Je pense à ces gens qui se grattent l’oreille lors d’une vente aux enchères et qui se retrouvent avec un Rembrandt à 5 millions d’euro. Je ne bouge pas… je laisse le temps s’enfuir tout seul…

Après cette invitation franche et virile à venir patauger dans la merde, 5 ou 6 mecs, des appelés, se lèvent. Certains sont déjà en treillis, en Ranger. L’un d’eux a, dans son sac, un couteau qui ressemble à une machette.

Je rêve, il y’a des volontaires pour suivre ces trois YMCA de la guerre froide…

Dans quelques jours je serai à la maison et eux… ils survoleront la Guyane, sur les traces de Papillon. On les larguera en parachute, à coup de pieds aux fesses, au dessus d’un marécage plein de crocodiles…

Les tarés s’en vont, en groupe, les courageux qui s’enrôlent ont droit à une franche poignée de main. Ils nous regardent, à leur tour, comme si nous étions des naufragés… La connerie du bidasse semble être contagieuse, il va falloir ouvrir l’œil pour en sortir indemne…

Le bidasse qui a fait l’appel tout à l’autre revient. Il a galéré pour garer son bus sans écraser personne. Il transpire. Il a des auréoles. C’est encore une particularité du militaire… Ca va avec l’odeur.

Bref il revient et commence à faire des groupes.

Je repense à la réputation « organisée » de l’armée… j’attends le bordel inhérent à ce genre d’activité : Faire des groupes de mecs c’est toujours le bordel.

Là non, tout le monde suit, personne ne dit rien, pas une vanne, pas une basket qui ne vole… rien… La vie serait elle moins drôle que le lycée ?

On part par groupe de dix, je fais partie du dernier groupe, je dois attendre… Une heure après, je pars enfin, avec ce que l’on appel des camarades, en direction d’une salle de projection…

On nous met devant un film. Je m’endors à peine que j’ai déjà un gradé sur les galons… Ca me plait bien cet endroit…

Le film montre de beaux jeunes hommes et de belles jeunes filles, en pleine action, sur un terrain de bataille imaginaire. Ils sautent du char et courent dans un bunker… C’est juin 44 leur truc. On ny’ croit à fond. Mais des détails propagandistes ne me trompent pas…

Le militaires sont beaux… Je regarde autour de moi et tous ceux qui s’apprêtent à le devenir ont des têtes de cul pas possible. Les militaires en place sont bedonnant, palots et rougeaux… C’est une feinte…

Les nanas du film sont aussi très jolies… Elles ont des petit gilets par balle qui leur font des tout petits culs, elles sont super sexy en combinaison de plongée et on a envie de leur sauter dessus quand elles atterrissent en parachute.

Les deux seules que j’ai vu à la caserne sont :
Le grosse moche de l’accueil, elle répond au téléphone et je ne lui donnerai pas mon pitbull à garder, elle serait capable de le mordre.

La deuxième est la cantinière qi est venu compter les recrus pour préparer les repas…. Elle est jeune mais elle a déjà un cul énorme. Trois nanas du film = Le cul de cantinière.

C’est bien de la propagande.

Le film termine, les tests commencent…

Le premier, celui que je déteste :

Pisser dans le bidon,

On vous met en slip, en rang et en silence…

J’avais prévu le coup. Je m’étais équipé d’un slip super moche, a rayure, genre de ceux que l’on achète au supermarché et que l’on retrouve à l’autopsie, sur le cadavre du clodo alcoolique qui est mort sous son pont…

Je penserais que je ferai sensation… Je regarde autour de moi… Tout le monde a un slip moche. Aujourd’hui encore c’est un mystère…

Deux possibilités :

1 Ils ont tous eu la même idée que moi, ce n’est pas possible, d’habitude je suis presque le seul à avoir des idées comme ça.

2 Toute la province est là et en province, on achète ses slips au supermarché… Je ne sais vraiment pas…

On nous fait passer devant un table avec deux mecs qui pointent les noms. Ils me donnent un verre immense, le verre à bière du colonel…

Je pars pisser en retrait…

C’est la panique. J’ai pissé trois fois ce matin, et la dernière c’était il’ y a une heure et demi, dans le train…. Je n’ai pas du tout envie… revenez dans deux heures…

Je me concentre… je me concentre… Rien… Le recruteur qui distribue les verres me demande d’arrêter de pisser en bégueillant. Je me sens bien ici…

Je me concentre encore plus fort…

Ca ‘y est, je pisse. Je remplis le bol sans arriver à m’arrêter, ça m’a déjà fait ça à l’école… Le haut du verre se rapproche… je suis foutu, je regarde déjà sur quoi je peux finir… c’est l’angoisse, je prépare mes doigts pour éviter des les exposer à ce qui va déborder… et hop… ca s’arrête.

Juste au bord du verre… J’ai l’impression de piler à un feu, de sentir la voiture qui dérape et qui s’arrête à

10 cm

du gamin qui traverse.

Je fais un petit « Yesssss » vainqueur, en serrant le poing, la bite à l’air...

Le mec derrière m’a entendu et me gueule un truc  « Bon champion, c’est bien, bravo, il va peut être me ramener son verre maintenant ?! Quand il le sent ! »»

Je le sens bien, t’inquiète.

Je lui pose le godet sur son bureau. Il y’en a à raz bord, une petite vague gicle et atterrie sur son listing.
Je me vois déjà au trou. Tu va s voir qu’ils vont trouver le moyen de me faire redoubler les trois jours !

Le mec me fait signe de dégager vite fait avant qu’il change d’avis. Je me barre doucement, le pantalon sous le bras et la queue entre

les jambes

Epreuve suivante, le test de vue…

On nous montre des petits points associés les uns aux autres, de différentes couleurs. On doit voir des formes. Ca se passe bien, en trois minutes je termine le test. Mes « camarades » bavent en essayant de trouver une forme visible. L’un d’eux a de véritables culs de bouteilles. Certains appellent cela des lunettes, des jumelles…Il veut devenir maitre chien… Pourquoi pas, s’il le voit comme ça…

Je l’imagine en train de mettre un sucre dans les fesses du chien pour le féliciter… Il ne voit rien, il ne voit rien, c’est triste mais c’est comme ça. On n’aime pas les chiens si on voit rien, c’est absurde…

Bref, on continue avec les tests auditifs… Je fais moins le malin, je n’entends pas la moitié de leur sons. Ca m’énerve en plus… Je n’entends pas bien, je suis au courant, ca ne sert à rien d’y passer trois jours… Le mec du test auditif me prend pour un sauvage et me laisse partir vers la suite des aventures….

Je me retrouve chez le psychiatre… Un moment mémorable !

Déjà, il faut savoir qu’à l’armée, on voit le psychiatre, en slip… Pas lui, nous. On nous met dans une des trois petites salles attenantes à son cabinet, on doit se déshabiller…Toute la journée des mecs demandent « on garde le slip ? »

Le psy appelle le mec de la première cabine. Je suis dans la troisième, j’attends. J’entends tout. Ca n’a pas l’air méchant, le psy pose des questions, le mec répond. Ca dure quand même 20 minutes, je suis dans ma cahute, en caleçon, je suis gelé…

Puis vient mon tour. Pour ce rendez-vous je m’appelle « Cabine 2 »

Je rentre dans la pièce. Le psychiatre est derriere son bureau, il regarde ce magnifique slip que j’ai eu la bonne idée de mettre ce matin… Il est asiatique, pas le slip, le psy… mais il a tête d’ours blanc, avec le museau en avant… Je me souviens d’un reportage sur les ours blancs… Ils sont capable de bouffer

50 kg

de blanc

de baleine. Je ne suis pas gros, mais avec le froids, je ressemble à un blanc de baleine sur la banquise… Je flippe.

Je suis son invitation à m’asseoir. Je pose mes fesses sur un siège en Sailli. Ca me dégoute car tous les mecs que j’ai vu passer avant, on posé leur slip sur ce siège…

« Alors cabine 2, parlez moi de votre famille, vous avez vos parents vous avez des frères ou que des sœurs… »

Je me lance, je lui explique que non, je n’ai QUE deux sœur. Le psy me regarde lui débiter ma vie. Rien de spécial, l’échange est cordial. Mais je me méfie, le psy est asiatique, j’ai vu des films sur les torturent qu’ils connaissent…

Puis le psy me parle d’animaux de compagnie.

Je suis ravi d’aborder le sujet. J’aime bien les animaux, en général

« Comment s’appellent vos animaux, Cabine 2 ? ». Je ne vois pas vraiment ce que ca peut lui faire mais bon…

Je lui dis que mes j’ai deux poissons qui s’appellent les « trois rois mages »

Le psychiatre lève la tête de ses papiers…Il me regarde et commence à noter des trucs… Je suis obligé de tout lui expliquer…Je viens de finir une expérience très intéressante avec mes poisson rouges.

Test en deux phases, avec une vraie démarche scientifique…

1 : Est-ce que mettre l‘encre turquoise dans le bocal peut permettre au poisson de se détendre en pensant être un poisson des mes du sud…

  Le poisson a-t-il suffisamment de cerveaux pour devenir épileptique… je mes des spots de boite de nuit devant le bocal. Je banche le tout sur la chaine hifi, ça clignote dans tous les sens.

Il note un truc « Continuez Cabine 2, continuez »

J’aurais du m’arrêter là, mais je n’ai pas pu le laisser comme ça, j’ai gentiment obéi.

Je lui ai expliqué que l’encre turquoise faisait tomber les nageoires. Du coup je m’étais retrouvé avec des poissons qui ressemblent aux chats sans poil, vous voyez… Et moi je lui dis, en haussant les épaules et les sourcils « De toute façon je ne caresse jamais mes poisson rouge... »

Il note pleins de trucs.

« Et la deuxième phase de votre expérience, Cabine 2 ? Quels en ont les résultats ? »

Je lui explique en détail les tests sur l’épilepsie. Un des poissons s’est manifestent suicidé. Je l’ai retrouvé mort sur la moquette…

Destin tragique que celui du poisson, je m’interroge : Est-ce une mort naturelle pour le poison rouge que de mourir sur la moquette ?

Le psychiatre ne sait pas quoi me répondre…

Les deux autres poissons se cognent sur le bocal, je crois qu’ils ont perdu la vue… Déjà qu’ils avaient perdu leur écailles…Conclusion le poisson est stupide certes, mais suffisamment intelligent pour être atteint de déficience intellectuelles flagrantes… à moins que ce soit un simple problème de vue… je ne sais pas si ça s’opère …

Manifestement le Psychiatre ne sait pas non plus…

Je termine ma réponse, souriant, « Oui j’ai des animaux… »

Le petit asiatique devant moi a les yeux grands ouverts. Il ne note plus rien… Blanc de baleine…

Par principe il me demande si j’aime les gens…

« Oui, bah, faut voir… Je ne suis pas très scout de France avec copains de chambrée, garde à vous et frites à la cantine… maintenant s’il faut le faire, je le ferai. Mais si la question c’est de savoir si ça me plait, fondamentalement, la réponse est non, monsieur… Pas plus que ça »

Il recommence à noter des trucs.

Jje n’ai pas l’impression d’avoir dit une connerie, mais il y’a un froid entre nous.

Il vient de cocher un truc sur mes papiers… je suis « P4 ».

Ca veut dire que je suis fou… que je ne peux vivre avec les autres, que je suis dangereux…Je pourrai avoir envie de vous enlever les écailles une par une… Oui… Mais non, je me dois de réagir.

Je sors de ma musette, le dossier de formation au BAFA. Le lendemain je commence un stage de qualification... Je l’avais pris au cas où on me fasse dormir sur place. Je déteste dormir chez les autres.

Je lui sors le dossier du BAFA, un dossier excellent où les instructeurs ont notés ma motivation, mon dynamisme, mon intelligence à créer des activités et mon excellent rapport avec les enfants… Je pensais émouvoir le bidasse à galons...

L’enjeu est important, s’il me laisse P4, je ne peux plus travailler en centres aérés, finies les colos et l’animateur avec sa guitare… Fini le fric qui tombe en fin d’été…

Je mets mes sourcils en mode cocker… en espérant que ca marche. Il me regarde, il regarde mon dossier, il regarde ses notes. Il me regarde encore… Ce mec regarde plein de trucs… il a des tous petits yeux, c’est pour cela qu’il regarde beaucoup et logntemps…

Je pense aux tortures asiatiques et aux blancd de baleine… on y est, je vais y avoir droit… En plus il plisse les yeux…

Je ne peux pas me barrer par la fenêtre, ils sont tous armés…En plus je suis en slip.

Le psy reprend son crayon et griffonne un truc. Il me tend le papier…

« Vous pouvez y aller ! »

Il me montre la porte du regard, je crois qu’il veut que je dégage… C’est une manie chez les militaires de vous faire partir à coup de regards, c’est moins douloureux que les Rangers mais ca fait bizarre quand même…

Une fois dans la cabine je lis le papier… C’est la loose, je viens de me faire recaler aux exams que tous les cons réussissent…

Je continue à lire le papier. Victoire, grâce à mon dossier je viens d’être nommé P3, un bébé P4… c’est le mec associable mais gentil. On ne nous prend pas à l’armée car ils craignent que l’on démotive notre bataillon avec nos états d’âmes…

Je suis invité à partir, et à récupérer ma paie. Et oui, en temps de guère comme en temps

de paix

, l’armée paie ses troupes. Moi je suis au rang « Troufion » j’ai droit à

12F

pour la journée… Mais je suis recalé à la mi-temps… donc je gagne 6Fr et je suis invité à me rendre à la cantine obligatoire….

On nous invite beaucoup dans l’armée.. On donne pas le choix, on invite.

La nana au gros cul nous a compté ce matin, elle a préparé des frites, à l’armée on ne gâche pas…

On ne gâche que les pauvres mecs. Vous vous souvenez de « cul de bouteilles ». Je le retrouve entre un steak et une frite, à la cantine…

Il chiale,

Je lui demande s’il s’est foutu de la sauce sur son pantalon… vu qu’il ne voit rien, je pense à ça…

En fait, il a été recalé à cause de sa vue de taupe, ce n’est pas un sccop mais il chiale. Adieu le su-sucre dans les fé-fesses au chien-chien…

Ce mec me fait de la peine.

Et moi ?

Je me demande si je devrais chialer ou pas ? Non, finalement ce n’est pas grave, je me passerai de cette virile formation qui aurait fait de moi un homme… Je vais passer, une nouvelle fois pour le mec qui a encore loupé un truc… Je suis prêt, je m’en fout.

On nous raccompagne en voiture, comme des détenus qu’on libère le plus loin possible… On nous dépose sur le quai, sur un banc. On ne bouge plus…

On attend 4 heures. Je fais la sieste. Grâce à cele, tel l’aventurier fier des ses épopées,  je dis aujourd’hui « J’ai dormi sur le quai de la gare de Blois, oui, sur le banc du bout du quai ». Ca fait mec qui voyage…

En parlant de voyage, je reprends le train avec « cul de bouteille » ses Kleenex et sanglots…Ses lunettes vont finir a ressembler a des lunettes de natation, pleine de flotte. Je me marre totu seul en le regardant. Il ne voit pas bien… ce qui me fait rire, mais je ne peux pas lui expliquer, ce n’est pas possible…

On rentre à Paris. Sur

le chemin

, en regardant par la fenêtre, une question me tracasse…Je téléphone à un copain qui avait fait la même expérience deux semaines avant… J’ai besoin d’une info !

« Oui, salut, c’est Ed… Dis, tu as fais tes 3 jours toi ? Tu avais mis un slip ?»

« Oui, tu m’étonnes, un vrai slip de campagnard. Je me suis donné un mal fou, j’ai réussi à être P4 J’avais un dossier de mon psy et ils m’ont pris pour un fou. J’ai fais comme si j’entendais rien aux tests auditifs…Je suis sûr qu’ils se souviennent de moi… oh la la, le slip de débile, quand j’y pense… Après je leur ai dit franchement que je n’aimais pas les gens et que je faisais des expériences sur les grenouilles, quand j’étais petit… Tu sais qu’ils m’ont même escortés jusqu’au train… Ils ne le font que pour les tarés, les vrais… Et toi, ca a été ?»

Je raccroche

Les animaux torturés, le test auditif, le psychiatre…

Mais moi…Je n’ai rien fait…Je vis, je respire, je souris… normal quoi !

Ils ne me croiront jamais…

C’est ça qui m’a flinguée…

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